Cela faisait un peu plus de deux mois que j'étais ici, à Sydney. J'avais toujours eu cette appréhension d'être seul mais c'était aussi un sentiment d'excitation. Un nouveau départ entraînait avec lui une nouvelle vie, et de nouvelles personnes à connaître. Au fur et à mesure du temps, je me suis rendu compte que ce n'était pas seulement connaître de nouvelles personnes hautes en couleur, c'était aussi en retrouver. Par là j'entendais tomber par hasard sur ma meilleure amie dans l'avion en partance pour Sydney... Le hasard fait bien les choses, non ? Et puis, surprise, ma cousine y était aussi. Elle avait toujours été plus que cela à vrai dire, comme une sorte de soeur que l'on connaît qu'à l'adolescence. Pourtant, nous ne sommes pas vraiment de la même famille, voire pas du tout, mais tout s'est fait simplement, c'était naturel. Shanae avait quelques problèmes, comme nous tous, et c'était avec une grande joie que mes parents adoptifs l'avaient prise sous leur aile. Ils ont toujours aimé les enfants et le terme famille occupe une place très fort. J'étais bien heureux de ne pas être aussi seul, lâché en pleine terre hostile. L'Australie n'avait rien de bien hostile en faite, c'était juste plus "sauvage" que New-York même si Sydney ne permettait pas le dépaisement total. Étrangement, le manque de la Grosse Pomme était parti, c'était comme un lointain blues et je m'étais bien adapté ici. La plage, le soleil, la chaleur... Ce n'était pas très compliqué même si c'était la première fois que je quittais mes parents. Cela ne fut pas évident, entre les larmes de ma mère et le sourire nostalgique de mon père. Pour eux, je me prenais mon envol. Et quel envol... De l'autre côté de la planète, il y a de quoi être légèrement, inquiet. Alors au début, le téléphone et le portable sonnaient toutes les trois minutes, l'ordinateur était toujours allumé pour qu'ils puissent parler avec leur cher fils. Julia me voyait encore à six ans, avec ce même air curieux, qui découvrait tout et reprenait goût à la vie, avant même de l'avoir croquée. C'était tout de même compliqué, être jeune et déjà avoir un passé. Tout le monde en a un et certain arrive plus à passer outre que d'autre. Quant à moi, je le fais comme je le sens. Dans le sens où je m'attarde plus sur une rupture amoureuse et une entourloupe de l'amour que d'avoir vécu une guerre et d'y avoir perdu ses vrais parents et d'en être marqué à vie. Un corps pour vaincre l'oubli, une seule chose était sûre, je ne risquais pas d'oublier. Autant dire un miracle avec un cerveau aussi comment dire, embrouillé que le mien. Je tourne, je vascille, , je tangue et je pourrais chavirer mais cela n'est pas dans la famille Shepherd d'abandonner. Un gêne que tous les membres de la famille avait hérité. Shanae en est une preuve vivante, malgré les derniers évènements, elle restait forte et cela était tout à fait admirable. Cependant, je faisais tout pour montrer à ma chère cousine qu'elle pouvait s'appuyer sur moi. C'était ma famille, c'était la moindre des choses.

Je me lève difficilement de mon lit, entouré de feuilles et de notes. Encore une nuit très courte, je n'en pouvais plus, entre les cours et la société, c'était un rythme plus que soutenu mais j'aimais cela. Ne pas avoir du temps signifiait l'inexistence de l'ennui et le dépassement de soi-même, jusqu'à l'épuisement. Bon, ce stade, il n'était pas prêt d'être franchi mais qu'est ce que cela pouvait être éreintant parfois... Sur un air des RHCP, je décide à enfin émerger dans le monde merveilleux qu'est la vie. Sarcasme, je suis de mauvaise humeur. Direction un grand bol d'air frais pour réveiller le peu de neurones qu'il me reste. Quelques nuages empêchent le soleil de briller de toute sa magnificience mais une belle journée s'annonce tout de même. Après quelques longs instants à avoir traîné sous la douche et dans la cuisine, je daigne enfin sortir. Une bourrasque de vent me donne une seule envie : retourner dans les bras de Morphée. Puis, je me prends mon courage à demain et fonce directement dans ma voiture. Le siège de la société allait accueillir prochainement une réunion de bilan, pour y présenter le chiffre d'affaire obtenu ici. C'était un gros challenge car Abraham, mon père, allait faire le déplacement de New-York pour y assister. C'était un contrôle de routine mais qu'est ce que j'en étais nerveux... Je regarde le feu rouge, en frappant la pulsation du morceau à la radio. Puis, je deviens pensif et ne remarque pas que le feu est passé au vert. Le bruit des klaxons et des plaintes des autres automobilistes me ramènent sur Terre et je démarre comme si j'étais sur un circuit de course. Quelques minutes plus tard, j'arrive à bon port. Il n'y a pas grand monde, tant mieux.C'est calme et apaisant. En même temps, il est à peine neuf heures. Je vais dans le bureau, y travaille un certain moment. Et puis me voilà parti pour le pays des rêves. Une jeune femme vient à mon bord, me touche l'épaule. « Mr Shepherd ? Vous devriez rentrer chez vous. » Je lui donne un sourire en guise de réponse. Une éclaircie parmis les nuages qui s'amoncèlent me donne une idée. Pourquoi ne pas aller à la plage...

Dix minutes plus tard, je me retrouve dehors, avec le sentiment d'avoir quelque chose qui me pèse et que je porte à bout de bras. Le temps de garer le véhcule et je me retrouve les pieds nus dans un sable chaud et fin. Face à la mer, je me retrouve à penser et à l'admirer avant d'aller me poser paisiblement dans un endroit un peu plus à l'écart. C'était le plus simple pour pouvoir penser, refaire le monde à sa façon. Les mains dans les poches, je me laisse bercer par le bruit des vagues. Puis, je me décide à sortir le fardeau de ma poche. Cette lettre, que j'avais reçue à New-York et qui était restée intacte. Le courage n'était plus, c'était comme se prendre une claque dans la figure à vrai dire. Des pas approchent, je m'empresse de ranger cette lettre, prends mon plus beau sourire de façade et la regarde. « Oh je comprends pourquoi est-ce qu'il fait de suite plus beau... Ca fait plaisir de te voir, comment vas-tu ? » Lançai-je en la serrant dans mes bras. Libérée de mon étreinte, je regarde Shanae comme si cela faisait une éternité que nous ne étions pas vus. La réalité ne doit pas être si lointaine en faite...

Don't Leaving...
I need you in my life

Sydney, la ville où je n’aurais jamais cru remettre les pieds… Qui l’aurait cru ? Mais surtout pour la raison, encore si seulement mon père était mort… à la rigueur j’aurais pu revenir pour Lukes… Mais la mort de Lukes m’avait tellement bouleversé… Je ne m’en remettais toujours pas, j’étais la depuis une semaine et je ne comprenais plus rien a ma vie, je venais simplement de me trouver un boulot et j’avais alors retrouvé Gaylwen par accident en entrant dans un bar, son bar… Lui que j’avais toujours cru marié, depuis quatre longues années, lui qui… Qui quoi ? Je n’en savais rien je ne comprenais plus rien, pourquoi sa mère m’avait-elle dit qu’il allait se marier ? Etait-elle, elle aussi Alzheimer ? Non ce n’était pas possible… Trop de coïncidence sur ce coup là, elle était juste alcoolique… Alcoolique comme son mari, défunt lui aussi. Ça aussi c’était une drôle de coïncidence tout de même… Bizarre tout cela, a croire que le destin avec Gaylwen ne touchait pas que nous. Nos parents étaient des enfoirés de première et nos pères étaient morts… Oui morts et bel et bien enterrés… Mais c’était du passé tout cela et je devais a présent vivre dans le présent. J’étais de retour dans ma ville natale et je devais avancer, vivre et ne plus survivre, je devais travailler à nouveau dur pour avoir de l’argent et foutre Nikkie dans une maison de soin pour sa maladie et je reprendrais mes études… Oui, faire quelque chose de ma vie comme j’aurais du le faire il y a bien longtemps. Devenir une artiste ? Chanteuse ? Peintre ? Je n’en savais trop rien. J’étais déjà une danseuse étoile et c’est tellement douloureux de voir que l’opéra de Sydney ne veut pas de vous car vous sortez d’une école moins prestigieuse de Los Angeles… C’était d’une injustice qui m’énervait tellement…

Mais la vie était faite ainsi, elle n’était pas de mon côté et ceux depuis huit ans maintenant et je restais persuadé que ce n’était pas près de changer malheureusement. Non quand notre vie est faite que de malheurs, pourquoi la roue tournerait-elle ? On se le demande bien… Tournant dans mon lit j’enfouissais ma tête dans le coussin en poussant un long gémissement. La nuit avait été horrible, travailler neuf heures non stop sans pose, sans pouvoir s’assoir une minute, c’était très dure, mes talons aiguilles neuve, m’avait arraché les pieds, mais à part ça tout va bien. Poussant la couette d’un coup de pieds je m’étalais sur le dos, faisant l’étoile de mer en regardant le plafond. Baillant a m’en décrocher la mâchoire, je soufflais un long moment avant de me redresser pour me lever difficilement. Une vieille mamie… Simplement habillée d’un petit shorty et d’un débardeur, je descendais en bas pour prendre de quoi manger. Ma mère sur le canapé en train de regarder la télévision, je lui fis un rapide coucou de la main, n’aimant pas l’embrasser et ne voulant même plus lui faire quoi que se soit. Je pris un verre de jus d’orange et une barre de céréales. Avalant le tout rapidement, je montais pour prendre une douche bien brulante. Restant sous l’eau pendant un long, très long moment je sortis de la douche une fois que l’eau chaude devint alors, froide, signe que j’avais vidé le ballon d’eau. M’enveloppant dans une serviette, j’enfilais rapidement une robe ainsi qu’un simple string allant alors sur mon balcon. Lunette de soleil, allongée sur ma chaise je regardais le ciel. D’un bleu limpide c’était surement une bonne journée pour aller sur la plage. Faire du surf ? Pourquoi pas… L’Australie, c’était super pour taquiner un peu les vagues, contrairement a Los Angeles. Me relevant doucement, je sautillais vers mon placard et prit alors un maillot de bains simple de couleur marron deux pièces. L’enfilant, je remis ma robe ample simple et attrapa une serviette de plage. Un grand sac et descendis en bas.

« Nikkie, je file à la plage, j’ai mon téléphone avec moi au pire. Ou appel le voisin, il a la clé de la maison. » Dis-je en fermant la porte a clé. Elle était folle... sa maladie, la faisait partir a tout va… Tellement que j’étais obligé de l’enfermer a clé dans la maison… Allant dans la voiture, je mis la musique a fond et parti alors vers la plage tranquillement, roulant dans les règles, n’ayant pas le permis… J’utilisais la voiture depuis huit ans sans avoir de permis et jusqu’à présent, je n’avais eu aucun souci. Si jamais on me surprenait à conduire sans permis, il était clair que j’irais surement en prison ou alors j’aurais une caution a versé qui me ruinerait plus que je ne le suis déjà. Soupirant longuement, ouvrant les vitres de la voiture pour avoir un peu d’air je filais direction la plage ne tardant pas a y arriver. Me garant, je regardais la plage avec tranquillité avant de sortir de la voiture. Tong, serviette, sac, lunette de soleil, tout était parfait. Filant dans un coin tranquille, je me laissais tomber sur le sable en soupirant. Il m’avait manqué ce sable, tellement de souvenir avec mon frère et Gaylwen… Passant ma langue sur mes lèvres je soupirais longuement en fermant les yeux, me laissant tomber dans un sommeil léger. Le bruit des vagues me berçant légèrement. L’odeur de l’iode, me chatouillait le nez, la mer, j’aimais tellement la mer. Les oiseaux faisant du bruit je me relevais, regardant alors au loin sur la plage. Voyant un homme assis vers l’eau je plissais les yeux. Mais… C’était mon cousin ! Mais oui. Souriant doucement me relevant, je pris mes affaires et me dirigea alors vers lui. Mon cousin, lui et sa famille m’avait aidé, sur New-York. Une famille que je ne connaissais pas ou très peu et pourtant qui m’avait réellement aidé.

Camden était vraiment un chic type et il était clair que si on venait à le faire souffrir, je pourrais me montrer mauvaise. Surprise, qu’il m’entende, je le regardais droit dans les yeux en le laissant me prendre dans ses bras, le serrant extrêmement fort à mon tour.« Oh je comprends pourquoi est-ce qu'il fait de suite plus beau... Ca fait plaisir de te voir, comment vas-tu ? » Souriant en coin je le poussais le faisant tomber sur le sable tombant à ses côtés en attrapant sa main la serrant fortement dans la mienne. « Arrête, tu vas me faire rougir ! Il faisait beau avant que je n’arrive hum. » Dis-je en lui lançant un regard taquin et amusée. Inspirant longuement, je tournais la tête vers les vagues en souriant en coin. « Je suis contente de te voir aussi. Ça faisait longtemps… » Soufflais-je doucement en resserrant un peu plus ma main. Mon cousin. La seule famille qui me restait. Répondre ou ne pas répondre ? Comment j’allais… J’allais mal, très mal, mais j’essayais de faire comme si de rien était pour ne pas changer. « Suis-je obligé de répondre ? Toi tu vas bien ? A ta tête tu as l’air très fatigué et éreinté ? ou je ne me trompe mon chou ? » Dis-je doucement en le prenant dans mes bras enfouissant ma tête dans sa nuque en fermant les yeux. Souriant en coin, je frottais son dos de ma main. J’étais attachée à lui, oui, il était comme mon frère et je voulais profiter de tous ces moments avant que tout ne finisse.