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« Remember all the sadness and frustration, and let it go » ▬ Camden.
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« Remember all the sadness and frustration, and let it go » ▬ Camden. Vide
MessageSujet: « Remember all the sadness and frustration, and let it go » ▬ Camden.   « Remember all the sadness and frustration, and let it go » ▬ Camden. Icon_minitimeMer 23 Fév - 22:12
« Remember all the sadness and frustration, and let it go » ▬ Camden. Stock9
Lost till you're found, swim till you drown,
know that we all fall down.

image © sour yesterday


« THOMAS ! Moins fort la musique bordel, je bosse ! » Cela m'échappa, et je criais légèrement fort vu la situation. Le moindre petit bruit semblait s'amplifier à l'approche de mes oreilles, je ne savais comment un tel phénomène était possible. J'étais penchée sur cette article que je devais rendre en devoir, depuis ce matin, et il allait me rendre folle. Comme si on en avait déjà pas assez bouffé de ces articles. Bon, je m'emportais légèrement, mais le sujet ne m'aidait pas non plus. Un article sur la famille... Dès que j'avais lu le sujet, je m'étais dit que j'étais maudite, il fallait que ça tombe sur moi. Moi, parler de famille ? Non mais vous rigolez là. Je n'ai jamais employé ce terme là, sauf pour désigner mon frère et moi. Parce qu'au final, c'est tout ce qui me reste. Et ce depuis mes 15 ans. J'avais quitté Brisbane, pensant pouvoir oublier cette notion de famille que je ne connaissais finalement pas, et tous les souvenirs qui pouvaient s'y rattacher. J'avais pensé que ça serait le meilleur moyen de tout oublier, d'acquérir à nouveau une certaine confiance, et de vivre enfin, une nouvelle vie. Un nouveau départ. Quand tout est chamboulé à vos 15 ans, ce n'est pas facile d'effacer tout ce qui a précédé. Surtout pas les cris, la peur, les mensonges. J'avais pensé, à tort, que fuir serait la bonne solution. Naïve ? Exactement. Je m'étais bien trompée. La moindre petite chose pouvant me rappeler les paroles de mon père, un bruit, un cri, et tout mon passé revenait d'un seul coup. Je vivais dans la peur permanente qu'il ressurgisse à nouveau. Pourtant, je ne laissais rien transparaître à l'extérieur. J'avais forgé une sorte de carapace au fur et à mesure des années, mais celle ci pouvait facilement se briser. Les souvenirs, une parcelle de passé pouvait avoir l'effet d'un choc, d'une fissure dans cette carapace. Il n'en fallait pas beaucoup pour que tout s'effondre autour de vous. Comme ce jour, où j'avais découvert le vrai visage de mon père. Cette vraie facette face à laquelle j'avais essayé de me raisonner, refusant à croire que celle ci était la seule réelle. Et pourtant... Je revoyais le corps de la femme qui m'avait donnée la vie, et le visage de celui qui me servait de père, qui n'exprimait aucune émotion. Comme vidé de tout ressenti. Même devant le visage de ses enfants qui exprimaient de la colère, de la haine. Et il avait fui, il était parti aussi vite qu'il avait fait basculé nos vies. Comment voulez-vous que je parle de famille après ça ? Pour en parler, il fallait déjà savoir ce que c'était. Et le seul qui m'avait appris à connaître le bonheur d'être en confiance, à avoir la sensation d'être protégée, c'était mon frère. Sa tête apparue dans l'embrasure de la porte de ma chambre, un petit sourire désolé. « J'suis désolée Thom'... C'est juste que je.. Je peux pas. » dis-je d'une petite voix en posant ma tête dans mes mains. Seul devant lui, j'arrivais à montrer ce que vraiment je ressentais, si bien que la plupart du temps, je n'avais pas besoin de faire quoi que ce soit. « Tu devrais sortir Zepp', lâche cet article, sors. » J'acquiesçai, et refermai mon ordinateur, bien décidée à me changer les idées. Attrapant ma veste au passage, je fus rapidement hors de la maison.

Mes pas me guidèrent comme instinctivement à la plage. Rien de mieux pour s'aérer l'esprit. En cette période, pas grand monde ne sortait, et encore moins sur la plage. Le vent soufflait normalement pour la saison, la mer était calme. J'espérais alors que cela allait me calmer, et que ça allait réussir à me faire penser à autre chose. Arrivant aux abords de la plage, je remarquai que personne n'était dans les entourages, et le sable ne semblait pas avoir été foulé. Tant mieux, c'était tout ce dont j'avais besoin. Je traversai en un rien de temps la moitié de la plage, avant de m'asseoir, les genoux repliés contre ma poitrine. Une position de défense, de protection. C'était l'un des gestes qui me rappelait les nuits où les cris me parvenaient de la chambre de mes parents. Au début, j'avais cru qu'ils venaient de mes rêves ou de mes cauchemars. Mais lorsque je me réveillais, en sursaut, je prenais conscience qu'ils étaient bien réels. J'avais décidé de ne pas faire attention, de ne pas chercher la cause de ces cris étouffés. Mais difficile de ne pas se poser des questions le matin, alors que je croisais mes parents. Difficile ensuite de croire ma mère lorsqu'elle me disait qu'elle s'était cognée, quand je voyais un de ses bleus qui avait le malheur de dépasser de son tee shirt. Difficile de faire confiance, après avoir vécu dans le mensonge, la peur. Même après 5 ans avoir fui ce que je croyais avoir appartenu au passé, cela restait encore et toujours dans ma mémoire. Comme un refrain qui vous reste en tête, et plus vous vous obstinez à vouloir changer de chanson, plus cela reste.
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