« La majorité des Anglais "vont outre-mer" quand ils visitent le Canada, l'Australie et "vont à l'étranger" quand ils traversent la Manche.»
Wystan Hugh Auden Vous verrez, je suis sûr que vous aller adorer vivre en Australie mon vieux !, me lança mon boss avec un sourire carnassier tout en me donnant une tape hypocritement amicale dans le dos. Et voila donc comment je me suis retrouvé à quitter Londres, Angleterre, pour Sydney, Australie. Mais là, je commence par la fin. Retournons donc au début de l’histoire.
Octobre 1982, Londres. L’hiver s’annonce rigoureux, tout le monde attend les premières neiges et mon père met enceinte ma mère pour la 3ème fois en 7 ans de mariage. 9 mois plus tard, le 5 juin 1983, je pointe le bout de mon né. Daniel Thomas Wilson, fils de Andrew et Victoria Wilson. Dernier né d’une famille qui compte déjà 2 filles, Lucy et Margareth.
J’espère qu’arrivé à cette partie de mon histoire, vous n’êtes pas dans l’espoir de lire l’histoire d’une vie désastreuse pleine de morts, de souffrances et de tortures parce que dans ce cas, je préfère vous prévenir tout de suite, vous allez être déçu. Je crois que la pire chose qu’il me soit arrivé dans mon enfance a été d’avoir été confondu avec une poupée grandeur nature et vivante par mes tortionnaires de grandes sœurs. Elles m’ont fait la totale, j’ai servis de tout. De tête a coiffer, de Barbie, de cobaye pour leurs expériences culinaire… tout ! Autant dire qu’il existe des photos dans les albums tendrement gardés par mes parents que je préférerais que jamais personne ne voient.
Cependant, une particularité chez moi a très vite attiré la curiosité de mes parents. A 2 ans, je m’exprimais de manière correcte. Haut comme 3 pommes, pas encore scolarisé, et en un temps record, je fus capable d’apprendre à écrire mon prénom. A 5 ans, je lisais, certes pas de manière fluide, les mots les plus simples passant devant mes yeux tout en commençant à maîtriser les additions et soustractions basiques. D’abord, mes parents mirent ça sur le fait que j’avais tout simplement apprit en regardant faire mes sœurs, ce qui est en fin de compte la vérité. L’école commencée, je me suis montré comme étant un élève modèle avançant bien plus vite que ses camardes qui trimaient encore laborieusement avec leur alphabet. Le verdict en lui-même est tombé durant ma 3ème année de scolarité : Je suis un surdoué. Dès lors, on m’a fait sauté une première classe, la première sur un total de 3 en tout. J’ai donc commencé le lycée avec 3 ans d’avances sur mes camarades. J’imagine que je n’ai pas besoin de vous faire un dessin sur les quelques années de galères que cela a été pour moi. Bouc émissaire, mouton noir, bizut, j’ai servis de tout ça à la fois.
D’après le psy que j’ai vu durant plusieurs mois, ce serait de là qu’est venu ma nature introvertie. Plusieurs centaines de livres sterling pour apprendre un truc donc je me doutais bien depuis mes 12 ans. J’aurais dû faire psy, vraiment. Moins de stress et une bien meilleure paie juste pour débiter des âneries qui sont l’évidence même.
Bref, pour en revenir à la chronologie des évènements qui m’ont conduit jusqu’à cet avion de British Airways, j’ai donc fini par terminer le lycée direction, l’université d’Oxford, section technologie et média. Je sais déjà ce que vous devez vous dire. Mais pourquoi Diable un type surdoué s’est lancé dans l’informatique plutôt que dans la médecine ou le droit ? C’est tout simple, j’ai toujours été bien plus à l’aise avec les machines qu’avec les humains. Au moins avec les machines ont sait a quoi s’en tenir et quand quelque chose ne va pas, un programme, un coup de tournevis et c’est réglé. Allez essayer de reprogrammer un humain ou de l’ouvrir avec un tournevis…
Oxford donc. 7 ans d’études, 2 petites-amies, un doctorat. Et oui, je suis quand même le Docteur Daniel Wilson au final. Mon doctorat en poche, je suis directement embauché par une multinationale spécialisée dans la technologie médiatique justement, en tant que responsable informatique. Vous décrire le boulot en lui-même ne sert pas à grand-chose. Ce serait bien trop long et laborieux. Pour résumer, disons juste que les adeptes du « Big Brother’s watching you » ne sont pas tout à fait en tort. L’entreprise étant basée à Londres, c’est donc là-bas que je suis retourné vivre. C’est ainsi que j’ai rencontré Cal. Que dire de Cal, hormis le fait qu’il a probablement été la plus grosse surprise, et le plus gros étonnement, de mon existence. Jusqu’à ma rencontre avec lui, je m’étais toujours crû hétéro. Vraiment, je ne m’étais jamais posé de question à ce niveau-là, ne m’étant jamais autrement douté que je pouvais être bi en réalité. Mais il a été celui qui a changé tout ça. Qui aurait crû que je tomberai un jour amoureux d’un autre homme ? En tout cas pas moi je peux vous l’assurer. Notre histoire a durée un peu plus de 3 ans. On a même vécu ensembles durant 2 ans. Mais il reconnu que tout à une fin, même les bonnes choses. Dans notre cas, notre fin a prit la forme d’un chauffard sur un passage pour piéton. Je m’en suis sortit avec une épaule démise, c'est tout.. Cal a pas eu ma chance.
Ça, c’était il y a un peu moins de 3 mois.
Durant le même lapse de temps, ma boite ouvrait une succursale à Sydney et ils avaient besoin d’un responsable qualifié sur place. Je crois qu’ils m’ont sorti toutes les excuses possible et imaginable, allant dû « Vous êtes le plus fiable pour ce poste » à « avec la tragédie que vous vivez, changer d’air vous fera le plus grand bien », pour justifier leur décision de m’envoyer là-bas sans vraiment me demander mon avis.
J’ai eu un peu plus d’un mois pour tout régler. Rendre mon appartement, avertir mes proches et gérer toute la paperasserie que représente un déménagement à l’autre bout de la planète.
Cela fait maintenant presque 2 mois que je suis à Sydney, vivant dans un appartement trouvé pour moi par la compagnie et ne connaissant pour ainsi dire personne en dehors de mes collègues de boulot. Quelle poisse… |